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Instabilité politique et ses impacts sur l’économie en France

L’instabilité politique exerce une influence bien réelle sur l’économie en France. Alors que les investisseurs recherchent avant tout des environnements fiables et prévisibles, les récents soubresauts politiques dans l’Hexagone ont alimenté des incertitudes, freinant ainsi les dynamiques de croissance. Dans une tribune publiée sur Les Echos.fr, j’ai partagé mon point de vue sur cette situation.

Dans cet article, je vous propose une synthèse de cette analyse : un regard lucide sur les conséquences de ce climat changeant et les pistes envisageables pour retrouver un cadre propice au développement. Quelles sont les répercussions concrètes pour les entreprises et les territoires ? Et surtout, quelles réformes pourraient redonner confiance aux acteurs économiques et relancer durablement l’investissement ? Voici quelques éléments de réponse.

Tribune Les Échos Simon Daragon

Le constat alarmant : une défiance croissante des investisseurs

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, la France, autrefois perçue comme un refuge solide et attractif pour les investisseurs internationaux voit son image se dégrader sous l’effet d’une instabilité politique persistante. Selon une récente enquête menée par le cabinet EY, près de 49 % des dirigeants étrangers ont réduit leurs projets d’investissement dans le pays, dont 19 % de façon significative.

Cette méfiance accrue se traduit également par une fuite inquiétante des capitaux. La dette nette TARGET 2 de la Banque de France a atteint un niveau record de 175 milliards d’euros en septembre 2024, reflétant l’ampleur des sorties financières. À ce sujet, Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, souligne que ce chiffre dépasse largement la dette nette exceptionnelle de 117 milliards enregistrée en décembre 2008, en pleine crise financière, lorsque les investisseurs avaient massivement retiré leurs fonds des marchés monétaires.

Bien entendu, l’instabilité politique en France ne date pas d’hier, mais son intensification récente suscite de vives préoccupations. Depuis 2020, le pays a dû faire face à pas moins de 4 réformes fiscales importantes, tandis que le climat social a été ponctué par des grèves à répétition.

Les autres conséquences économiques de l’instabilité politique

Toutes ces turbulences, évidemment, n’ont pas manqué d’avoir des répercussions économiques : d’après un rapport du World Economic Forum, la France a chuté de 6 places en 5 ans dans le classement mondial de la compétitivité, se positionnant désormais au 22e rang.

Cette chute témoigne de l’impact grandissant de l’instabilité politique sur l’attractivité économique du pays. Les secteurs stratégiques, pourtant essentiels pour préparer l’avenir, sont particulièrement touchés. Les énergies renouvelables, par exemple, ont vu les investissements diminuer de 15 % entre 2021 et 2023, d’après PwC. Parallèlement, les startups préfèrent s’implanter dans des écosystèmes perçus comme plus stables et favorables à l’innovation, tels que Lisbonne ou Berlin.

Le symbole le plus frappant de cette instabilité demeure la question fiscale. Annoncé à 25 % en 2021, le taux de l’impôt sur les sociétés a rapidement fait l’objet de spéculations quant à une possible augmentation dès 2023. Ce flou fiscal, aggravé par les débats autour de l’instauration d’une taxe sur les superprofits, envoie un message clair aux investisseurs : en France, les règles du jeu semblent constamment sujettes à renégociation.

Cette instabilité ne se limite pas à affecter les grandes entreprises. Elle pèse aussi lourdement sur les PME, où l’incertitude freine les recrutements et les investissements dans la formation. Dans les territoires les plus fragiles, privés d’emplois fixes, la population décline tandis que les jeunes talents choisissent de partir. Cette dynamique contribue à un cercle vicieux : moins d’investissements, moins de croissance, et par conséquent, des marges de manœuvre réduites pour financer les priorités de demain et préserver le modèle social français.

La proposition de réforme : un pacte de stabilité et de confiance

Face à ce constat inquiétant, une révolution politique et économique s’impose pour rompre avec le cercle vicieux actuel. Il devient urgent de changer de paradigme afin de restaurer un climat favorable aux affaires. Une piste sérieuse consiste à mettre en place un Pacte de stabilité et de confiance, engageant l’ensemble des acteurs politiques et économiques sur une durée de 10 ans.

Ce pacte poursuivrait 3 principaux objectifs :

  1. Geler toute modification des taux d’imposition, afin d’offrir une visibilité fiscale sur le long terme.
  2. Simplifier les normes administratives pour faciliter le développement des sociétés.
  3. Concevoir un Fonds de garantie des investissements, financé par des partenariats public-privé, destiné à sécuriser les projets stratégiques en période d’instabilité politique.

Parallèlement, la France doit s’atteler à restaurer sa crédibilité à l’international. Un geste fort pourrait consister en la création d’une commission indépendante, composée d’économistes et d’entrepreneurs, chargée de mesurer l’impact des choix politiques sur le milieu des affaires.

Aujourd’hui, la France se trouve à un carrefour décisif : elle peut soit persister dans un environnement marqué par l’incertitude et le court-termisme, soit opter pour des réformes structurelles visant à stabiliser son cadre politique et économique. Cette seconde voie offrirait aux investisseurs la prévisibilité nécessaire pour s’engager à long terme, condition essentielle à une relance économique soutenue.

En bref, la crise politique en France a des répercussions évidentes sur la dynamique économique de notre pays. Moins d’investissements, une compétitivité affaiblie et une croissance ralentie : autant de signes qui montrent que le climat actuel freine le potentiel de la France. Stabiliser l’environnement politique serait un levier déterminant pour restaurer la confiance des investisseurs et leur redonner l’envie de s’engager durablement.

Il est plus que temps d’agir avant que la situation ne se détériore davantage et que cette instabilité ne devienne une entrave permanente au développement économique. Si vous souhaitez lire l’intégralité de cette analyse, retrouvez la tribune complète publiée sur le site des Echos.

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