Budget de l'État

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Budget de l’État 2025 : quelles sont les principales mesures fiscales ?

Après des mois de débats agités et plusieurs rebondissements, le Projet de Loi de Finances pour 2025 est enfin adopté. Ce budget, qui aurait dû être bouclé bien plus tôt, a été au cœur de vifs affrontements politiques entre le gouvernement et les parlementaires. Entre tentatives de modifications, coupes budgétaires contestées et nouvelles taxes votées in extremis, l’élaboration de ce budget a été chaotique, mais mieux vaut tard que jamais : les règles fiscales et les grandes orientations budgétaires pour l’année à venir sont désormais fixées.

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour nous ? Pour les particuliers, les mesures fiscales impacteront directement le pouvoir d’achat, entre réformes de l’impôt sur le revenu, taxes sur les véhicules polluants ou encore contributions spécifiques sur les hauts revenus. Pour les entreprises, le gouvernement mise sur une fiscalité renforcée visant les grandes sociétés, avec des taxes exceptionnelles et des ajustements ciblés. En parallèle, des coupes budgétaires conséquentes ont été décidées, touchant en particulier l’écologie, la recherche et l’aide au développement, tandis que certaines dépenses restent sanctuarisées, notamment celles dédiées à la sécurité, la défense et la justice.

Face à un déficit public préoccupant, le budget de l’État de cette année est un exercice d’équilibrisme entre hausse des recettes et réduction des dépenses, tout en essayant de maintenir la compétitivité économique et d’éviter une trop forte pression fiscale sur les ménages. Quels sont les choix budgétaires retenus et leur impact réel ? Voyons cela en détail.

Budget de l’État 2025 : les recettes

La loi de finances pour 2025 prévoit plusieurs mesures destinées à renforcer les recettes de l’État. Entre ajustements fiscaux et contributions ciblées, le gouvernement cherche à préserver son équilibre budgétaire tout en maintenant un discours de modération fiscale. Pourtant, certaines décisions risquent d’impacter directement les ménages et les contribuables les plus aisés.

Les mesures fiscales pour les particuliers

Dans un contexte où l’inflation pèse sur le pouvoir d’achat, le gouvernement a intégré des ajustements sur la fiscalité des ménages. Officiellement, il s’agit d’éviter une hausse automatique des prélèvements. Mais d’autres dispositifs viennent alourdir la pression sur les contribuables les plus fortunés.

L’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation

La loi de finances pour 2025 prévoit d’indexer le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, estimée à 1,8 %. Cette mesure vise à éviter que les hausses de salaire liées à l’inflation n’entraînent mécaniquement une augmentation de l’impôt payé par les ménages. Sans cette indexation, l’État aurait prélevé 3,7 milliards d’euros supplémentaires, ce qui aurait pesé sur les classes moyennes.

Si cette mesure permet de limiter la hausse automatique de l’impôt, elle ne représente pas pour autant une baisse d’imposition. Elle ne fait qu’éviter un prélèvement additionnel qui, en période de stagnation économique, aurait accentué la perte de pouvoir d’achat.

Barème impôts 2025

La contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR)

Le gouvernement introduit une nouvelle taxe ciblée sur les ménages les plus aisés. Baptisée « contribution différentielle sur les plus hauts revenus » (CDRH), elle concernera les contribuables dont le revenu fiscal de référence dépasse 250000 € pour un célibataire et 500000 € pour un couple. Elle ne s’appliquera que si leur taux d’imposition effectif est inférieur à 20 %.

Initialement prévue pour 3 ans, la CDRH a finalement été limitée à une seule année. Cette taxe temporaire devrait rapporter 2 milliards d’euros à l’État. Officiellement, elle vise à rétablir une forme d’équité fiscale. Mais ce type de mesure risque de renforcer l’instabilité fiscale. Elle envoie un signal inquiétant aux investisseurs et aux entrepreneurs qui contribuent pourtant à la dynamique économique du pays. Au lieu d’encourager l’investissement, le gouvernement choisit de ponctionner davantage ceux qui réussissent, au risque d’affaiblir l’attractivité de la France.

Le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ)

En matière de logement, le gouvernement propose de rétablir le prêt à taux zéro (PTZ) sur l’ensemble du territoire. Ce dispositif serait accessible pour l’achat de logements neufs en habitat collectif jusqu’à la fin de 2027.

La fiscalité des locations meublées avec le statut LMNP

La loi de finances pour 2025 modifie en profondeur la fiscalité immobilière, en particulier celle des locations meublées. Jusqu’à présent, les contribuables relevant du statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) bénéficiaient d’un régime particulièrement attractif. Ils pouvaient non seulement déduire de leurs revenus locatifs imposables les amortissements liés à leur bien, réduisant ainsi leur base imposable de manière significative, mais aussi ne pas tenir compte de ces amortissements au moment du calcul de la plus-value à la revente.

Ce dispositif offrait ainsi un double atout : d’une part, il permettait d’optimiser la rentabilité locative en limitant l’imposition des revenus perçus ; d’autre part, il ne venait pas gonfler la plus-value imposable lors de la revente du bien. Cette niche fiscale, considérée comme trop avantageuse par le gouvernement, est modifiée dans le cadre du budget 2025.

 Plus précisément, l’avantage existant au moment de la vente du bien disparait. En effet, il sera désormais tenu compte des amortissements dans le calcul de la plus-value imposable.

 Prenons un exemple chiffré :

Changement fiscalité LMNP

Cela signifie également que la logique d’amortissement demeure pour l’instant, de même que les abattements pour durée de détention (qui conduisent à une exonération complète de l’imposition sur les plus-values au bout de 30 années de détention).

 Mais jusqu’à quand ? Affaire à suivre.

L’augmentation de la taxe sur les billets d’avion

Le loi de finances pour 2025 prévoit une augmentation de la taxe sur les billets d’avion, avec un durcissement plus marqué pour certaines catégories de vols. Initialement introduite en 2006 sous le nom de taxe Chirac, cette contribution est payée par les passagers des vols commerciaux au départ de la France. Elle vise à financer des actions de solidarité internationale, notamment en matière de santé.

La hausse reste finalement moins importante que celle envisagée dans les premières discussions budgétaires de l’automne 2024. Pour les billets en classe économique vers la France ou l’Europe, la taxe passe de 2,63 € à 7,30 €.

D’autres vols sont davantage mis à contribution :

  • Pour les destinations lointaines, la taxe passe de 7,50 € à 40 €.
  • L’aviation d’affaires est la plus lourdement touchée : ses passagers devront s’acquitter de 420 € pour un vol court et jusqu’à 2 100 € pour un vol long.

L’État table sur une forte augmentation des recettes liées à cette taxe. Son produit, estimé à 460 millions d’euros en 2024, devrait atteindre 1 milliard d’euros en 2025.

Ce renforcement de la fiscalité sur l’aérien s’inscrit dans une politique plus large de réduction des émissions de CO₂ et d’alignement des efforts de taxation entre les différents modes de transport. Cependant, il pose la question de la compétitivité des compagnies françaises face à leurs concurrentes étrangères et du risque de détourner une partie du trafic vers des aéroports voisins en Europe. Pour les passagers, cette hausse s’ajoute à la flambée des prix des billets liée à l’augmentation du coût des carburants et aux pressions inflationnistes sur le secteur aérien.

L’augmentation des « frais de notaires »

La loi de finances pour 2025 prévoit une hausse des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), plus couramment appelés frais de notaire. Ces droits, qui sont en réalité des taxes perçues par les départements, augmentent de 0,5 point pour l’acquisition d’un bien immobilier.

Cette mesure concerne tous les acheteurs, à l’exception des primo-accédants, qui bénéficient d’un maintien du taux actuel afin de ne pas pénaliser leur première acquisition immobilière.

En pratique, cette hausse vient alourdir la facture pour les acheteurs. Les frais de notaire, qui représentent déjà 7 % à 8 % du prix d’achat dans l’ancien, vont donc augmenter encore davantage. Pour un bien de 300 000 €, cela pourrait représenter plusieurs centaines d’euros supplémentaires.

Cette décision s’explique par le besoin des départements de compenser la baisse des recettes fiscales et le déclin du marché immobilier. Cela dit, elle risque d’accentuer la crise du secteur en freinant les transactions et en décourageant les acquéreurs potentiels. À terme, cette hausse pourrait peser sur la fluidité du marché et ralentir encore un peu plus les investissements immobiliers en France.

L’exonération d’impôt sur la donation

La loi de finances pour 2025 intègre une exonération fiscale sur les donations, destinée à faciliter l’accès à la propriété et à encourager la rénovation énergétique des logements. Cette mesure permet aux donateurs de transmettre jusqu’à 100000 € par bénéficiaire, avec un plafond global pouvant atteindre 300000 € par donataire. Cela concerne les donations consenties à un enfant, un petit-enfant, un arrière-petit enfant ou, à défaut d’une telle descendance, un neveu ou une nièce.

Ce dispositif s’applique exclusivement aux donations en espèces, à condition que les fonds soient investis dans l’acquisition d’un bien immobilier à rénover, destiné à devenir la résidence principale du bénéficiaire. Les travaux financés par cette donation devront concerner l’amélioration de la performance énergétique du logement.

Quelques autres mesures fiscales

Outre les principales réformes évoquées, plusieurs autres mesures fiscales ont été introduites par les parlementaires. Ces dispositions visent à pérenniser ou prolonger certains dispositifs existants, tout en générant des recettes supplémentaires pour l’État :

  • Reconduction de l’exonération fiscale et sociale sur les pourboires: instaurée pour encourager le versement de pourboires aux salariés du secteur des services.
  • Prolongation de la monétisation des jours de RTT: les salariés pourront continuer à transformer leurs jours de réduction du temps de travail (RTT) en salaire, ce dispositif étant prolongé jusqu’à fin 2026.
  • Pérennisation du dispositif «Coluche» : la réduction d’impôt de 75 % sur les dons aux organismes d’aide aux personnes en difficulté, dans la limite de 1 000 €, est maintenue de façon permanente.
  • Réduction d’impôt pour les dons aux organismes de lutte contre les violences conjugales : cette aide fiscale, visant à soutenir les associations engagées dans la protection des victimes, est également reconduite.

Les mesures fiscales pour les entreprises

Après avoir examiné les mesures touchant les particuliers, intéressons-nous aux dispositions fiscales qui concernent les entreprises en 2025. Le gouvernement cherche à accroître la contribution des grandes sociétés tout en maintenant certains dispositifs d’accompagnement pour les acteurs économiques. L’objectif affiché est d’équilibrer les comptes publics en mobilisant davantage les entreprises les plus profitables.

La contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises (CEBGE)

La loi de finances pour 2025 instaure une contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises, qui sera en vigueur pendant un an, contre 2 ans initialement prévus. Elle concernera environ 400 entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse un milliard d’euros et qui sont redevables de l’impôt sur les sociétés.

La base de calcul de cette contribution correspond à la moyenne de l’impôt sur les sociétés dû sur deux périodes : l’exercice en cours et le précédent. Ce montant est déterminé avant l’application des réductions, crédits d’impôt et créances fiscales. Dans le cas des groupes fiscalement intégrés, l’assiette repose sur la moyenne de l’impôt sur les sociétés calculé à partir du résultat consolidé et de la plus-value nette du groupe.

Taux applicables :

  • Entreprises avec un chiffre d’affaires inférieur à 3 milliards d’euros : 20,6 %
  • Entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 3 milliards d’euros : 41,2 %

Cette taxe exceptionnelle devrait rapporter 8 milliards d’euros au budget de l’État. Parmi les secteurs particulièrement visés, le transport maritime est mis à contribution. En pratique, l’armateur CMA CGM sera affecté et devrait verser 500 millions d’euros de taxe supplémentaire sur l’année.

Pour éviter toute optimisation fiscale excessive, les parlementaires ont introduit un mécanisme anti-évitement. Celui-ci vise à empêcher les entreprises concernées de manipuler leurs comptes en déplaçant artificiellement leurs profits hors de France ou en jouant sur des provisions comptables pour réduire leur assiette fiscale.

La hausse du taux de la taxe sur les transactions financières (TTF)

La loi de finances pour 2025 prévoit une augmentation du taux de la taxe sur les transactions financières (TTF), qui passera de 0,3 % à 0,4 %. Cette mesure vise à accroître la contribution du secteur financier aux finances publiques, tout en maintenant une fiscalité spécifique sur les transactions boursières.

Cette hausse devrait permettre à l’État de générer 500 millions d’euros de recettes supplémentaires en 2025. La TTF s’applique aux achats d’actions des grandes entreprises françaises dont la capitalisation boursière dépasse un milliard d’euros.

Si cette mesure reste relativement ciblée, elle pourrait peser sur l’attractivité des marchés financiers français. En alourdissant la fiscalité sur les transactions boursières, elle pourrait inciter certains investisseurs à se tourner vers d’autres places financières européennes où cette taxe n’existe pas ou est moins élevée.

La taxe sur les rachats d’actions

La loi de finances pour 2025 introduit une taxe sur les rachats d’actions suivis d’une annulation, ciblant les grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse un milliard d’euros. Ce dispositif s’appliquera aux opérations réalisées entre mars 2024 et février 2025.

Les rachats d’actions sont une pratique courante permettant aux entreprises de redistribuer une partie de leur excédent de trésorerie à leurs actionnaires. En réduisant le nombre d’actions en circulation, elles augmentent mécaniquement la valeur des titres restants, ce qui bénéficie aux investisseurs.

Le gouvernement justifie cette nouvelle taxe par la volonté de réduire l’avantage fiscal dont bénéficient ces opérations, souvent perçues comme une alternative aux dividendes, plus lourdement taxés. L’objectif affiché est d’inciter les entreprises à privilégier l’investissement productif plutôt que la redistribution aux actionnaires.

La prise en charge de 75 % des frais de transports publics des salariés

La loi de finances pour 2025 reconduit jusqu’à fin 2025 l’incitation à la prise en charge de 75 % des frais de transport public des salariés par les employeurs.

Ce dispositif vise à encourager l’usage des transports en commun et à soutenir le pouvoir d’achat des salariés en réduisant leur coût de déplacement domicile-travail. Initialement fixé à 50 %, le taux de prise en charge avait été relevé pour aider les actifs face à l’inflation et au renchérissement des abonnements.

Cette mesure reste facultative pour les entreprises, mais celles qui l’appliquent bénéficient d’une exonération de charges sociales et fiscales sur la part prise en charge. Son maintien prolonge donc un soutien aux salariés tout en offrant un avantage fiscal aux employeurs qui jouent le jeu.

La prolongation du crédit d’impôt innovation (CII)

La loi de finances pour 2025 prévoit la prolongation du crédit d’impôt innovation (CII) pour 3 ans, afin de soutenir les PME investissant dans la recherche et le développement.

Ce dispositif, qui permet aux entreprises d’alléger leur fiscalité sur les dépenses liées à l’innovation, voit également son taux rétabli à 20 %, après avoir été abaissé ces dernières années.

L’objectif est de stimuler la compétitivité des entreprises françaises en favorisant l’investissement dans les nouvelles technologies et les améliorations de produits. Ce soutien fiscal constitue un levier important pour les PME, mais son efficacité dépendra de la capacité des entreprises à en profiter face aux autres contraintes économiques.

Le crédit d’impôt recherche durci

Créé en 1983, le crédit d’impôt recherche (CIR) est devenu la 1re niche fiscale en France, permettant aux entreprises de défiscaliser une partie de leurs dépenses de recherche et développement. En 2024, ce mécanisme représentait 7,7 milliards d’euros de restitution aux entreprises.

Malgré plusieurs tentatives de réforme rejetées par le gouvernement en novembre, la version finale du PLF 2025 restreint les dépenses éligibles. Parmi les mesures phares supprimées figure notamment la défiscalisation à 200 % des salaires des jeunes docteurs, qui visait à inciter à leur embauche.

Ce durcissement du CIR pourrait freiner l’investissement en R&D, notamment pour les entreprises les plus innovantes, qui comptaient sur cet avantage fiscal pour financer leurs s. Toutefois, le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de mieux cibler l’aide publique et d’éviter certains effets d’aubaine.

La baisse du seuil de TVA des petites entreprises

La loi de finances pour 2025 devait abaisser le seuil d’exonération de TVA pour les petites entreprises, qui passe de 37500 € à 25000 € de chiffre d’affaires annuel. Ce régime qui permet aux auto-entrepreneurs et micro-entreprises de ne pas facturer ni collecter la TVA sur leurs prestations.

Cette mesure, introduite par le Sénat, n’était pas prévue dans la version initiale du budget. Elle visait à simplifier le système fiscal et à limiter les distorsions de concurrence avec les PME et les entreprises européennes soumises à la TVA dès le premier euro.

D’après la Fédération nationale des auto-entrepreneurs, cette réforme aurait entraîné l’assujettissement à la TVA de 250000 auto-entrepreneurs supplémentaires. Ce changement aurait pu avoir un impact sur les prix pratiqués par ces indépendants, contraints désormais d’intégrer la TVA dans leurs facturations, rendant leurs prestations moins compétitives face à celles d’entrepreneurs encore exonérés.

Mais coup de théâtre, cette mesure a été suspendue au dernier moment le temps de faire une « concertation ». Nous restons donc dans l’attente pour le moment.

Le maintien de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)

La suppression totale de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), initialement prévue pour 2027, est désormais repoussée à 2030. Cet impôt de production, régulièrement critiqué par le patronat, concerne les entreprises assujetties à la cotisation foncière des entreprises (CFE) et réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 500 000 euros.

La majorité présidentielle avait voté sa suppression progressive, mais les contraintes budgétaires ont conduit à revoir le calendrier. Entre-temps, la baisse du taux de CVAE prévue au 1er janvier 2025 était déjà entrée en vigueur, faute d’adoption du budget dans les délais. Plutôt que de l’annuler rétroactivement, ce qui aurait soulevé des problèmes juridiques, les parlementaires ont opté pour une « contribution complémentaire » destinée à neutraliser la baisse déjà appliquée.

Avec ce mécanisme correctif, la CVAE devrait finalement rapporter 4,24 milliards d’euros en 2025, maintenant la pression fiscale sur les entreprises malgré les promesses initiales de suppression.

La réduction des dépenses publiques

À présent, regardons d’un peu plus près ce que prévoit le budget de l’État en matière de dépense.

Moins 50 millions d’euros pour l’Éducation nationale

Comme en 2024, l’enseignement scolaire reste le 1er poste budgétaire de l’État. Initialement, le gouvernement envisageait la suppression de 4 000 postes d’enseignants, une mesure qui figurait dans le projet porté par Gabriel Attal avant d’être retirée sous la pression des parlementaires, notamment socialistes.

Si cette coupe a été abandonnée, le budget de l’Éducation nationale n’échappe pas aux réductions. Une économie de 50 millions d’euros a été actée via une baisse des crédits du programme de soutien à la politique éducative. Ce programme finance notamment les moyens d’encadrement et d’appui aux enseignants, une diminution qui pourrait affecter le fonctionnement des services administratifs du ministère.

Moins 111 millions d’euros pour l’Aide Médicale d’État (AME)

Le budget de l’aide médicale d’État (AME), qui permet la prise en charge des soins des étrangers en situation irrégulière, est réduit de 100 millions d’euros par rapport à la version initiale du budget élaborée à l’automne. Cette coupe ramène son financement à 1,3 milliard d’euros, soit le même niveau qu’en 2024.

En revanche, le périmètre des soins pris en charge reste inchangé. Alors que certaines propositions parlementaires visaient à restreindre les prestations couvertes, la version finale du budget maintient l’AME en l’état. Cette réduction budgétaire s’inscrit donc davantage dans une logique de contrôle des dépenses que dans une refonte du dispositif.

Moins 10 % sur le budget du sport

Le budget alloué au sport diminue de 10 % en 2025, avec un total de 695 millions d’euros de crédits. Cette baisse reste moins importante que celle initialement prévue par le gouvernement, qui envisageait 34 millions d’euros d’économies supplémentaires. Face à la mobilisation du monde sportif, cette coupe budgétaire a finalement été limitée par les parlementaires.

Pour amortir cette réduction, l’État a choisi de déplafonner la taxe sur les paris sportifs en ligne, permettant de dégager 80 millions d’euros supplémentaires. Ces fonds seront directement affectés à l’Agence nationale du sport (ANS), chargée de financer et de structurer les politiques publiques sportives. Cette décision vise à rééquilibrer le financement du secteur sans toucher aux subventions allouées aux fédérations et aux clubs.

Moins 80 millions d’euros pour le budget de l’audiovisuel

Le budget de l’audiovisuel public subit une baisse de 80 millions d’euros en 2025 par rapport à l’an dernier. Si l’on inclut les 69 millions d’euros de crédits initialement promis, mais finalement annulés, la réduction atteint près de 150 millions d’euros.

C’est France Télévisions, qui dispose du plus important budget, qui supportera l’effort le plus conséquent, avec une coupe de 43 millions d’euros. Radio France, de son côté, devra fonctionner avec 8 millions d’euros en moins.

Les autres acteurs du service public audiovisuel, France Médias Monde (France 24, RFI, MCD), qui ont déjà bouclé 2024 en déficit, sont également concernés. Cette contraction budgétaire s’inscrit dans la volonté de rationaliser les dépenses publiques, mais elle risque de fragiliser un secteur déjà confronté à une concurrence accrue et à des défis financiers croissants.

Moins 89 millions d’euros pour le Service National Universel (SNU)

La loi de finances pour 2025 acte une baisse de 89 millions d’euros sur plusieurs programmes dédiés à la jeunesse et à la vie associative. Sont concernés le Service national universel (SNU), mais aussi le service civique et le dispositif des vacances apprenantes.

Cette réduction budgétaire s’explique en partie par l’opposition persistante de nombreux parlementaires au SNU, jugé coûteux et peu attractif depuis sa mise en place en 2019. Critiqué par la Cour des comptes, le programme a fait l’objet d’un amendement sénatorial visant à supprimer presque tous ses crédits, avant qu’un compromis en commission mixte paritaire ne limite finalement l’ampleur des coupes.

Plutôt qu’un retrait brutal des financements, la baisse pourrait être répartie entre plusieurs dispositifs, permettant d’atténuer son impact tout en réduisant la charge budgétaire de l’État sur ces programmes jugés secondaires dans le contexte de rigueur actuel.

Moins 2,2 milliard d’euros pour les collectivités territoriales

Les collectivités territoriales devront absorber une réduction budgétaire de 2,2 milliards d’euros en 2025,principalement due à une hausse des prélèvements opérés par l’État sur leurs ressources. Cette coupe reste toutefois bien en deçà des 5 milliards d’euros d’économies initialement envisagés dans la version du budget portée par Michel Barnier.

Face aux protestations des régions, les parlementaires ont allégé l’effort demandé, notamment pour éviter un effondrement des investissements locaux. L’une des mesures les plus controversées, le fonds de réserve, qui prévoyait un prélèvement de 3 milliards d’euros sur les recettes de fonctionnement des 450 plus grandes collectivités, a finalement été abandonnée. Cette décision limite l’impact immédiat sur les finances des régions, départements et grandes municipalités, même si la question du financement des collectivités reste un sujet de tension avec l’État.

Moins 1,4 milliard d’euros pour l’écologie

Le budget consacré à l’écologie diminue de 1,4 milliard d’euros en 2025, soit une baisse de près de 14 %, portant les crédits à 21 milliards d’euros. Cette réduction affecte plusieurs dispositifs phares, dont le Fonds vert, destiné à financer la transition écologique au niveau local.

Autres coupes notables : le budget alloué à MaPrimeRénov », principal dispositif de soutien à la rénovation énergétique des logements, passe de 3,3 milliards à 2,3 milliards d’euros. Le gouvernement justifie cette réduction par le faible taux de consommation des crédits alloués en 2024 et par un renforcement des contrôles pour lutter contre la fraude, qui devrait permettre d’optimiser les dépenses.

Moins 1 milliard d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche

Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche subit une réduction de 1 milliard d’euros en 2025, portant les crédits à 31,3 milliards d’euros. Cette coupe budgétaire reste toutefois moins sévère que prévu, le montant ayant été rehaussé de 250 millions d’euros par rapport à la première version du budget.

C’est la recherche qui est la plus impactée, avec des coupes marquées dans plusieurs secteurs stratégiques. Le budget consacré à l’énergie et au développement de la mobilité durable est amputé de 480 millions d’euros, tandis que les crédits alloués à la recherche économique et industrielle chutent de près de moitié, passant de 678 millions à 347 millions d’euros.

Moins 1,2 milliard d’euros pour l’aide au développement

Le budget de l’aide au développement diminue de 1,2 milliard d’euros en 2025, soit une baisse de 18,6 % par rapport à l’enveloppe de 2024. Cette réduction budgétaire est plus sévère que celle initialement envisagée dans la première version du budget portée par Michel Barnier à l’automne.

La loi de finances pour 2025 marque également la fin de l’affectation automatique à l’aide au développement d’une partie des recettes issues de la taxe sur les transactions financières et de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Désormais, ces fonds entreront directement dans le budget général, ce qui limite leur fléchage vers les projets de solidarité internationale.

Les budgets préservés

Conformément aux engagements pris dans les lois de programmation, certains ministères bénéficient de budgets préservés, malgré les efforts de réduction des dépenses publiques. C’est le cas de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, considérés comme prioritaires dans le contexte actuel. Voyons cela de plus près.

Le budget de la sécurité en hausse

Le ministère de l’Intérieur, dirigé par Bruno Retailleau, voit son budget augmenter de 2,7 % en 2025, portant les crédits de la mission Sécurité à 26 milliards d’euros. Cette enveloppe couvre le financement de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile.

Cette hausse avait été actée dès l’automne dans la première version du budget, sous l’impulsion du gouvernement, qui en avait fait l’une de ses priorités. L’objectif est de renforcer les moyens des forces de l’ordre, dans un contexte de menaces accrues et de besoins croissants en effectifs et en matériel. Ce choix budgétaire reflète la volonté de l’exécutif de prioriser la sécurité intérieure, malgré les contraintes pesant sur les finances publiques.

Le budget de la justice en hausse

Le ministère de la Justice fait partie des rares ministères épargnés par les efforts d’économies. Son budget atteindra finalement 10,5 milliards d’euros, en hausse de 400 millions d’euros par rapport à 2024, conformément aux engagements de la loi de programmation de la Justice votée en 2023.

Cette augmentation permettra notamment de financer 1 600 recrutements supplémentaires en 2025, renforçant ainsi les effectifs dans les tribunaux et les services pénitentiaires. Le ministre de la Justice s’est félicité de cette enveloppe supplémentaire, qui doit répondre aux défis d’engorgement judiciaire et aux besoins de modernisation des infrastructures.

 

En bref, la Loi de Finances pour 2025 a au moins le mérite d’être là et d’exister. Pendant des semaines, la question s’est posée de savoir si un budget serait adopté à temps et sous quelle forme. Finalement, après de multiples rebondissements, il fixe les grandes lignes budgétaires de l’année à venir, permettant d’éviter une situation d’incertitude totale.

Mais que retenir de ce budget ? Encore une fois, l’État choisit d’augmenter les taxes et de limiter les dépenses pour engranger un maximum de recettes, sans remettre en question en profondeur la manière dont l’argent public est utilisé. Or, il ne manque pas de postes où des économies intelligentes et structurelles pourraient être réalisées.

Plutôt que de s’attaquer à une réforme de fond de l’efficacité de la dépense publique, on ajuste les chiffres, on coupe ici et là, et on alourdit la fiscalité de ceux qui peuvent encore payer. Le résultat : une politique budgétaire qui donne l’impression d’un rafistolage, plutôt que d’un véritable plan de gestion des finances publiques. Certes, l’exécutif fait « de son mieux », mais il évite encore une fois le vrai débat : celui de la bonne gestion de l’argent public. À quand une politique de bon sens ?

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